Politique agricole : attention à la Trumpisation des esprits !
L'élection de Donald Trump à la présidence des Etats Unis a pris de court la plupart des responsables et experts français ou européens. Le comportement personnel de Donald Trump nous choque et sa posture politique souvent nous dérange. Pourtant le principal risque serait de se faire mentalement "trumpisés". C'est à dire paradoxalement à la fois considérer D Trump comme un imbécile et penser que sa ligne politique devient le vent dominant à suivre !
- considérer que Donald Trump est un imbécile ayant un comportement d'abruti et de débile. La presse et les réseaux ont multiplié les photos du candidat avec des mimiques souvent ridicules.
Son mode d'expression politique nous surprend . Nous sommes habitués aux postures assez lisses et aux registres trés idéologiques de nos responsables politiques. Il est lui pragmatique, avec une gestuelle très ample d'où ces photos aux mimiques ridicules ... comme c'est le cas de tout orateur ayant "du physique" dans sa communication .
Trump est avant tout un pragmatique , n'oublions jamais que c'est un chef d'entreprise qui a réussi. Il doit avoir une vision, une ambition autour de laquelle il adapte sa tactique , son comportement , d'où cette apparence de versatilité, d'absence de ligne directrice. Il a montré qu'il avait beaucoup de flair comme tout chef d'entreprise qui a réussi. IL doit par ailleurs être tenace et capable de forte agressivité dans la conduite des affaires ce qu'il transposera vraisemblablement en politique. enfin il doit savoir s'entourer des compétences qui lui manquent. Notons à ce titre qu'il a choisi comme vice président un homme politique trés conservateur mais surtout ayant une très longue expérience des arcanes de la vie politique de Washington.
- considérer que la ligne protectionniste et climato-sceptique de Trump est une voie pertinente à imiter pour l'avenir de notre agriculture. J'entends déja en privé les commentaires de certains responsables du type " au moins avec l'élection de Trump c'est clair on aura fini d'être emm... avec l'écologie !). Les Etats Unis sont un trés grand pays exportateur agroalimentaire ... les enjeux sont trop forts pour fermer les frontières. Vis à vis de l'Europe et de la France en particulier les USA ont une balance commerciale déficitaires... on peut donc craindre des mesures plus restrictives ..sans doute mais nous exportons essentiellement des produits finis .et essentiellement des boissons ... l'administration américaine coupera-t-elle l'approvisionnement en Cognac, Bordeaux, Champagne ou Bourgogne ???. En ce qui concerne l'environnement le risque pour nous est une distorsion de concurrence car il est difficilement imaginable de faire machine arrière sur notre orientation vers une agriculture plus économes en intrants et davantage respectueuse de l'environnement, si c'était le cas nous irions à l'encontre profonde des attentes de nos propres consommateurs et de nos concitoyens.. ce qui n'est pas durable !
Finalement la grosse incertitude pour le monde agricole français réside dans les conséquences de la politique globale de D Trump :
- ses inflexions géopolitiques, la dénonciation de certains accords commerciaux ( Transpacifique, Alena d'après les déclarations du candidat) une agressivité commerciale sans doute plus forte vis à vis de la Chine , conduiront-elles à une réduction globale des échanges agricoles mondiaux ou au contraire ouvriront-elles des opportunités de substitution de marchés pour nos agricultures ?
Les velléités annoncées d'un désengagement US de l'OTAN conduiront -elles à des dépenses militaires européennes beaucoup plus importantes et donc à une réallocation des budgets qui se feraient au détriment des aides PAC ?
- les effets induits de sa politique économique ( grands travaux, baisse des impôts .. donc augmentation du déficit) auront un effet recherché sur la croissance amréricaine mais pourraient conduire à une hausse globale des taux d'intérêt et à un affaiblissement du dollar par rapport à l'euro. Cela pénaliserait notre propre croissance et surtout renchérirait le coût de nos exportations entrainant une baisse de compétitivité.