Faut-il vraiment une loi d'orientation agricole ?
La lecture des 3 rapports des groupes de travail remis au ministre de l'agriculture fait naître un très grand doute sur l'opportunité d'une nouvelle loi agricole.
Sur les 250 pages de rapport ( sans les annexes !) je retiendrai un grand travail réalisé, un diagnostic et une appréciation des enjeux assez partagé semble t-il mais une absence de vision commune sur l'avenir, un manque de consensus sur les objectifs. Trois points semblent au coeur des dissensus : l'importance de l'export, le rôle de l'élevage, l'utilisation de la chimie agricole.
Les 3 groupes proposent des orientations qui sont en général globales et peu précises, ressemblent parfois à des voeux pieux. On note :
la volonté de ne pas trancher, on pourrait résumer plusieurs propositions par : il y a accord sur le fait de favoriser "le durable" mais désaccord sur le fait de réduire les soutiens au "non-durable".
Quasiment aucune proposition ne relève de la loi sauf en matière de foncier. Or la situation politique de l'assemblée nationale rend très aventureuse la prise en compte du foncier. Le risque d'hystérie est énorme. Sur la précédente mandature où En Marche était largement majoritaire, le ministre n'a jamais osé engager la loi foncière souvent évoquée.
Deux chantiers transversaux sont évoqués dans l'ensembles des groupes : la nécessité de revoir l'accompagnement des agriculteurs (conseil, innovation, recherche et développement)... cela figure d'ailleurs en bonne place dans la contribution que l'Académie d'Agriculture de France a faite, à sa demande, au Ministre . Revient aussi souvent l'importance de raisonner la gouvernance des questions agricoles au niveau territorial. Une réflexion devra être poursuivie sur ces deux axes structurants pour l'avenir
Un pacte agricole, définissant une vision claire de l'avenir semble nécessaire, des plans d'actions sont à engager rapidement notamment dans l'enseignement où les propositions concrètes consensuelles sont nombreuses. Des chemins d'évolution forte, peut être radicale, sont à construire sur l'accompagnement ou la gouvernance de l'agriculture.
Faut-il pour autant une loi d'orientation ... je ne le pense pas, la soft law, la négociation entre parties prenantes sont sans doute des voies plus adaptées aujourd'hui
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