Que les sages du sénat aient la sagesse de réécrire une vraie loi d'orientation
Que les sages du Sénat aient la sagesse d’écrire une véritable loi d’orientation agricole…
L’Assemblée Nationale a voté aujourd’hui en première lecture la loi d’orientation agricole proposée par le Ministre de l’Agriculture Marc Fesneau. Une loi très attendue après des mois de crise agricole mais qui, en l’état, déçoit. Prochaine étape : le Sénat. Les « sages » qui pointent depuis longtemps – et avec justesse – les difficultés de la Ferme France ont une responsabilité historique : donner du souffle à une loi qui n’en a guère.
« L’agriculture, la pêche et l’aquaculture sont d’intérêt général majeur en tant qu’elles garantissent la souveraineté alimentaire de la Nation, qui contribue à la défense de ses intérêts fondamentaux ». Les mots (de l’article 1 de la loi d’orientation agricole) sont beaux mais les maux trop profonds.
La Ferme France va mal. Personne aujourd’hui pour le contester. La capacité productive est menacée, les importations au plus haut, l’attractivité du métier au plus bas. Et que propose (avec toute la solennité du titre) la loi d’orientation ? Des mots. Et… pas les bons. En 49 pages, trois fois seulement le mot « compétitivité », véritable angle mort du texte. La compétitivité ne peut certes pas tout. Mais sans, on ne peut rien ! C’est dire si le problème agricole est mal posé et qu’il appartient désormais aux sénateurs, chargés de la prochaine lecture du texte, d’y donner du souffle. D’écrire une véritable « loi d’orientation ». Une loi qui… oriente pour gommer des handicaps que les années passant rendent structurels.
La Ferme France souffre (entre autres) de trois maux majeurs : un manque de compétitivité (alors que le marché est ouvert), des distorsions frappantes dans les conditions de production (la faute, pour faire simple, à une sur-transposition par trop dogmatique) et une trop grande hétérogénéité dans les performances des acteurs économiques. Le tout pénalisé par un narratif collectif façon « Martine à la ferme » incompatible avec l’ambition initiale d’une souveraineté alimentaire.
En fait s’installe depuis plusieurs décennies un déni de compétitivité, une résignation coupable et surtout un débat où se mélangent l’objectif ultime (la capacité productive) et les moyens (la taille des exploitations, leur nombre, etc.). Dans le débat public, l’idéologie a supplanté l’analyse froide que mérite pourtant le sujet. La faute à des politiques en quête de symboles davantage que d’efficacité.
Une « loi d’orientation » doit avoir une autre ambition que le texte voté à l’Assemblée Nationale. Dans leurs travaux passés, les sénateurs ont déjà plusieurs fois posé le diagnostic avec la « sagesse » qui les caractérise dit-on. Mais un diagnostic sans la prescription et les soins qui vont avec n’a guère d’intérêt hormis qualifier le mal. Les sénateurs ont désormais la responsabilité de la prescription. Pour donner du souffle à une loi qui, en l’état, n’en a guère. Qu’ils en aient la sagesse !
Les Éclaireurs de l’Alimentaire
NB : comme d’usage, cette position reflète la position médiane et la réflexion commune des Éclaireurs de l’Alimentaire mais n’engage pas les membres à titre individuel.
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